Au printemps 2018, deux lycées de la région Paca vont tester cette technologie à l’entrée des établissements pour éviter les intrusions. Un dispositif inédit en France qui suscite des interrogations sur l’utilisation des données biométriques.
Le traditionnel carnaval de Nice n’est pas tout à fait le même cette année. Pour l’édition 2019, qui s’achève le samedi 2 mars, la municipalité expérimente un dispositif inédit de reconnaissance faciale. Parmi les centaines de milliers de visiteurs, 1 000 volontaires ont donné leur accord pour être repérés, l’objectif du test étant que les caméras parviennent à en retrouver certains au milieu de la foule.
La mise en place de tels dispositifs soulève néanmoins des questions éthiques et juridiques. Le recours à ces installations n’est, certes, pas nouveau en France et certains aéroports de Nice ou encore celui de Paris-Charles-de-Gaulle sont déjà équipés de sas de contrôle à reconnaissance faciale. Et 77% des aéroports envisagent d’investir dans ces technologies, selon une étude de la Société internationale de télécommunication aéronautique.
La reconnaissance faciale a aussi déjà investi notre quotidien à travers les objets connectés. Certaines marques comme Apple, pionnière en reconnaissance faciale sur ses téléphones, travaille aujourd’hui sur le déverrouillage d’une voiture avec son visage.
Une technologie avec encore quelques bugs mais Si le futur de la discipline s’annonce prometteur, sa fiabilité n’est pas encore garantie. Le dispositif de reconnaissance faciale expérimenté en 2017 lors de la finale de Ligue des champions à Cardiff par la police britannique a fait 92% d’erreurs, d’après le Guardian (en anglais). Plus de 2 000 personnes ont ainsi été identifiées à tort comme de potentiels criminels.
La machine apprend en fait à reconnaître les visages grâce à une base de données limitée et biaisée, car elle est fournie par l’homme lui-même. L’étude du MIT mentionne que « les systèmes automatisés ne sont pas intrinsèquement neutres.En Chine, de nombreuses caméras surveillent les passages piétons pour dénoncer ceux qui ne respectent pas le Code de la route. Et, en novembre 2018, elles ont détecté le visage, non pas d’un piéton, mais celui d’une femme qui se trouvait sur l’affiche d’un bus qui passait sur la route, comme le raconte du site spécialisé Siècle Digital.
Les autorités chinoises ont dû s’excuser après cette erreur, mais celle-ci n’a pas remis en cause l’investissement du pays dans le domaine de la reconnaissance faciale, dans laquelle Pékin fait office de leader mondial et Forte de 200 millions de caméras, la Chine envisage d’en installer 400 millions de plus d’ici à 2020. De quoi renforcer le projet de « crédit social », un système de notation des individus basé sur la surveillance, que Pékin veut généraliser d’ici l’an prochain. Plus aucun Chinois ne pourra alors, théoriquement, se promener dans le pays sans que l’Etat ne puisse tout connaître de son parcours. Au-delà du problème de la surveillance de masse, se pose aussi la question de la protection de ces données personnelles. Un hacker néerlandais a réussi à mettre la main sur les données de plus de 2,5 millions d’habitants du Xinjiang en Chine.
Cette dernière a ainsi tenu à faire une mise au point après les déclarations de Christian Estrosi, affirmant qu’elle a seulement assuré un rôle d’accompagnement de l’initiative niçoise. Et qu’il n’est plus nécessaire d’avoir son autorisation pour mettre en place des dispositifs biométriques depuis l’instauration du règlement général sur la protection des données.
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