Pour la première fois, une sonde spatiale a largué un projectile vers la surface d’un astéroïde, en l’occurrence Ryugu. Une expérience inédite que nous raconte l’astrophysicien Patrick Michel, qui a assisté aux opérations depuis la salle de contrôle de l’agence spatiale japonaise, à Tokyo.Jamais une telle opération n’avait été menée. Pendant la nuit de jeudi à vendredi, à quelque 340 millions de kilomètres de la Terre, la sonde japonaise Hayabusa-2 a catapulté un projectile de deux kilogrammes vers la surface d’un astéroïde nommé Ryugu.
Une fois n’est pas coutume, ce n’est donc pas un rocher spatial qui a frappé la Terre, mais bel et bien l’humanité qui a frappé un rocher spatial. Jeudi à la mi-journée, Hayabusa-2, qui est positionnée depuis plusieurs mois en orbite à 20 km de l’astéroïde, a tout d’abord commencé à descendre vers ce petit corps céleste d’un diamètre de 900 mètres.Sur le plan scientifique, cette expérience doit permettre aux chercheurs d’avoir une meilleure idée des propriétés mécaniques du sol de Ryugu et plus généralement des astéroïdes.
En raison de la faible gravité qui règne dans cet environnement, l’équipe de la mission devra néanmoins patienter encore deux semaines, le temps que les débris retombent, avant d’aller voir de plus près le cratère. Il pourrait atteindre dix mètres de diamètre si la surface est sablonneuse. Mais il pourrait être plus petit, de trois mètres seulement, s’il est rocheux. Le tir a atteint sa cible comme prévu à 3h36. « Nous avons dû attendre quelques minutes pour avoir les premières images filmées par la petite caméra déployée avec le projectile, nous confirmant que l’impact s’était bien produit », explique l’astrophysicien.
Le retour des échantillons est prévu pour fin 2020 .L’appareil de l’agence spatiale japonaise avait déjà réussi une première collecte de grains d’astéroïde fin février dans une zone relativement plate. Une vidéo diffusée début mars (voir ci-dessus) permet de visualiser à quel point l’opération était délicate. Pour éviter les débris éventuels et l’effet de recul, très prononcé dans le vide sidéral, l’équipe de la mission a utilisé un impacteur. « Vers 3 heures du matin (heure de Paris), Hayabusa-2 a largué une petite boîte chargée d’explosif, puis elle s’est écartée pour libérer une petite caméra afin de pouvoir filmer la déflagration et l’impact en direct, avant de se mettre à l’abri derrière l’astéroïde.

4
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.