Un photographe a filmé à leur insu des dizaines de modèles lors d’actes sexuels.
Une centaine de vidéos montrant des femmes dans des situations intimes en sa compagnie: c’est ce qu’un photographe conservait dans son ordinateur, selon le Ministère public. Si les relations enregistrées semblaient pour la plupart consenties par ces femmes, 45 d’entre elles ont «manifestement été filmées à leur insu», estiment les autorités.
De plus, depuis les faits, ces femmes souffrent de nombreux troubles. Toutes sont ou ont été suivies par des psys. Durant le procès, leur langage corporel laissait apparaître un profond mal-être et elles ont presque toutes fondu en larmes.
Il craque devant celle qui le considérait comme un père
Pour sa part, le prévenu est resté totalement impassible, telle une statue de marbre. Sauf lors de la onzième audition. Confronté au témoignage de la fille de son ex, qu’il a filmée à son insu dans la salle de bains et qui le considérait comme un père (lire encadré), le prévenu a lui aussi pleuré et demandé pardon. Pareil lorsque c’est la mère qui a témoigné.
Pour finir, lors de son audition, l’homme a reconnu que ses vidéos étaient illicites. Mais il a démenti toutes les autres accusations, telles que le viol ou la contrainte sexuelle.
Technique rodée
Le photographe trouvait souvent ses victimes sur Facebook. Il cherchait des jeunes femmes manquant de confiance en elles ou traversant une mauvaise passe. Il leur proposait des shootings pour les aider à aller mieux. Les séances duraient plusieurs heures, et il les amenait vers des poses de plus en plus sexualisées et dénudées. C’est alors qu’il mettait son appareil en mode vidéo et se rapprochait d’elles pour arriver à ses fins. Il leur disait notamment qu’un orgasme les rendrait plus belles sur les images.
Il avait élevé l’ado qu’il a filmée
Le prévenu, aujourd’hui âgé de 45 ans, s’est lancé dans la photographie en 2007. Séparé de la mère de sa fille biologique, il s’est remis en couple avec une autre femme l’année suivante. Cette dernière avait deux enfants, un garçon et une fille de 8 ans. Au fil du temps, «il est devenu comme un deuxième papa pour moi, dit-elle. Je passais plus de temps avec lui qu’avec mon vrai père. On passait notre temps libre ensemble, on partait en vacances ensemble et il m’aidait pour mes devoirs et mes travaux de l’école. Encore maintenant, je me demande ce que j’ai pu faire pour mériter ce qu’il m’a fait.» La fille, comme la mère, ignorait tout de l’activité sexuelle débridée du photographe. Mais, début 2015, une jeune femme a porté plainte pour des attouchements. C’est là que la police a saisi son ordinateur, contenant les fichiers de plus de 600 femmes. Parmi ceux-ci se trouvait celui de sa belle-fille. Ce n’est toutefois que 15 mois plus tard que la mère a eu connaissance, par la police, de ces images dévoilant l’intimité de sa fille, prises en caméra cachée. Elle l’a immédiatement obligé à quitter le domicile conjugal. «Comment avez-vous pu vivre avec elles pendant une année et trois mois, alors que vous saviez ce que vous aviez fait?» a demandé le président du tribunal. «Je n’ai rien dit, parce que je pensais avoir effacé toutes ces données», a répondu l’accusé.
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