Le prodige du soulier à la semelle rouge nous ouvre à Paris les portes du palais de son enfance, le musée des Arts africains et océaniens. Façade, hall d’honneur, mobilier… il est le mécène d’une restauration ambitieuse qui se propulse au sommet du monde de l’art. Sans détour, il nous dit tout de son incroyable parcours aux mille aventures rocambolesques, de son XIIe parisien natal jusqu’à l’Egypte.
Nous sommes en 1974, Christian Louboutin à 11 ans. Il se passe des chimères que celle de la connaissance des tables de l’algèbre. Daumesnil s’ennuie sur les bancs des lycées, et aime plus tout vagabonder dans les salles du palais, jusqu’à se perdre dans la contemplation d’objets et de fresques des civilisations lointaines. Ce ne sont pas des promesses de reconnaissance pour le petit Louboutin, qui s’imagine être adopté, orphelin d’Egypte, fils de pharaon? «Je rêve de pays que je connais pas. C’est un peu comme si j’étais dans un album de Tintin en trois dimensions. Je me laissais envahir par le mobilier, les totems, les aquariums. Les poissons me fascinaient. Je reste des heures à l’admirateur », se confie-t-il.
Son goût compulsif des beaux objets, qu’il rapportera plus tard de ses nombreux voyages, c’est à son père qu’il le doit. «Il m’expliquait les maquettes qu’il a réparties de son atelier. Il est le seul à être venu dans ce musée avec moi. Une partie mes sœurs, mais ça les “rasait”. Elles me déposaient et partaient fumer des bois au bois de Vincennes avec leurs copains. »Christian, que s’appelle« Bora Bora »à la maison, à la cause de ses cheveux frisottés et de sa couleur épicée un monde de femmes. «J’avais l’impression d’être au théâtre ou au music-hall. Elles étaient comme si je n’étais pas, sans filtre. Je m’amusais beaucoup à entendre leurs conversations féminines. Ma petite sœur était assez flemmarde. J’étais un peu son “esclave”: “Eteins la télé… apporte-moi mon rouge à lèvres… fais-moi les rouleaux, tiens-moi la bassine…”. Il y avait six étages sans ascenseur jusqu’à notre appartement. Elle portait des sandales à la plateforme de liège, et me demandait toujours de les laisser monter les escaliers. Alors je mettais mes mains sur ses fesses, et hop, je la poussais marche par marche. C’est un truc que je continue à faire à mes copines. »
Janvier 2019. Christian Louboutin a ouvert SA 160 e Boutiques et Vend 800 000 each année Paires. De souliers Il y a quelques années, une profonde envie de fonder une famille et d’avoir des enfants lui fait quitter Louis, son compagnon. A bord de sa dahabiya, un voilier traditionnel égyptien à deux mâts, il partage avec la mère de ses enfants et ses deux filles de 4 ans, il s’écoule au fil du Nil. A Louxor, les colosses de Memnon se réapparaîtront bientôt, sous son engagement mécénique. Christian Louboutin, un homme heureux. ■ Elisabeth Lazaroo. 2
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